Jacopo Chimenti, dit Jacopo da Empoli (1554 Florence - 1640 Florence)
1604
Crayon noir, rehauts de blanc, sur papier préparé jaune-orange ; 34 x 22,5 cm
Provenance :
Amérique du Nord, collection privée ; Londres, Thomas Williams Fine Art (Old Master Drawings, Londres, 1998, n°6, ill.) ; Genève, collection Suzanne et Eric Syz ; Paris, Christie's, 24 mars 2021.
Jacopo da Empoli mena une vie longue et sans histoire. Né à Florence, dont il ne s'éloigna guère, sa maturité coïncide avec le règne heureux et (presque) sans histoire aussi (1587-1609) de Ferdinand Ier de Médicis, qui, cardinal encore, acquit la Villa Médicis à Rome et, devenu grand-duc, maria sa nièce Marie au roi de France Henri IV.
Son œuvre allie l'esprit de la réforme catholique initiée par le Concile de Trente (1545-1563) et le style de la réforme esthétique menée à Florence par le peintre Santi di Tito à partir des années 1570 : le retour à un certain classicisme, d'une grande élégance – en témoigne son chef-d’œuvre, Suzanne se préparant au bain (1600) du Musée de Vienne – et parfois d'une vraie piété. Voyez comme ici la courbe qui suit le bas du voile, la ligne du cou, le profil du visage et jusqu'au coin supérieur droit du dessin semble accompagner l'élévation du regard et de la pensée.
Le dessin est préparatoire à la figure de la prophétesse Anne dans la Présentation de Jésus au Temple (1604), un tableau d'autel de l'église Santo Stefano à Empoli, détruit lors du bombardement en 1944 du Musée de la Collégiale où il était entreposé, mais dont il subsiste une bonne photographie et une réplique autographe (Florence, collection privée). Il appartenait précédemment à la très belle collection de dessins italiens du 15ème au 17ème siècle de Suzanne et Eric Syz, fondateurs de la banque éponyme à Genève.
Tant le support, un papier préparé dans une teinte ocre ou orange, que la technique au crayon noir, caractérisée par les stries nerveuses et les contours appuyés, le rapprochent de l'Archange Gabriel vendu chez Christie's en 1999 et entré en 2001 au Metropolitan Museum. Filippo Baldinucci, dans ses Notizie (1681-1728), parlera justement des dessins de l'artiste sur papier coloré, « tocchi fierissimamente con profilo gagliardo », ce qu'on pourrait traduire, sans l'accent, par « crânement exécutés, d'un contour vigoureux ».