Victor Brauner (1903 Piatra Neamt - 1966 Paris)
1962
Huile sur toile ; signée et datée 1962 en bas à droite ; 81,5 x 100,4 cm
Provenance :
Paris, Galerie Arditti ; Turin, Galleria La Bussola, 1975 ; collection privée européenne ; Londres, Christie's, 6 février 2020.
Exposition :
Victor Brauner (Paris, Galerie Le Point Cardinal, 1963, no. 23).
Le critique d’art Philippe Dagen, à propos de l’exposition du Musée d’Art Moderne de Paris consacrée à Brauner en 2020, reconnait à Brauner une « importance au moins égale » à celle d’Yves Tanguy ou René Magritte, soulignant qu’il « ne se satisfait à aucun moment de se répéter et prend toute sa vie plus de risques ».
En 1961, sa situation matérielle, jusqu’alors précaire même si sa notoriété s’était accrue tout au long des années cinquante, s’est améliorée suffisamment pour qu’il achète une maison à Varengeville, sur la côte normande. Les photographies de l’époque le montrent plus posé, plus souriant. Dans ses dernières cinq années, il puisera son inspiration, plus que jamais, dans son regard intérieur, nourri tout à la fois des mythes des civilisations anciennes, de la psychologie analytique de Carl Gustav Jung, mais aussi de sa collection récemment constituée d’arts premiers.
Cette dernière influence est manifeste dans l’aplat délibéré des formes, dans les coloris brun et or de la figure principale, et plus exotiques des deux oiseaux. L’ensemble peut renvoyer au mythe méso-américain de Quetzalcóatl, le serpent à plumes représenté parfois sous forme humaine, et parfois accompagné de deux oiseaux quetzal.
L’oxymore du titre, l’anxiété voluptueuse, est une forme renouvelée du cadavre exquis cher aux surréalistes. Mais le surréalisme, chez Brauner, s’imprègne de magie, de poésie aussi, qui sublime le paradoxe. Terminons avec ses propres mots, introduisant un recueil de gravures de la même année 1962 (codex d’un visage) : « objet, tu me donnes de ta survivance je te donne de mon âme et ainsi nous vaincrons la mort. »