Georges Rouault (1871 Paris - 1958 Paris)
1935 - 1936
Huile et encre de Chine sur carton ; signé des initiales « GR » en bas à droite ; 34,5 x 28,5 cm
Provenance :
Rotterdam, Triton Collection Foundation, 2003 ; Londres, Christie’s, 28 février 2018 ; Paris, collection Le Polyptyque ; Paris, collection privée.
Exposition :
Parijs, Stad van de moderne kunst, 1900-1960 (La Haye, Gemeentemuseum, 2011-2012) ; De collectie van de Triton Foundation (Rotterdam, Kunsthal, 2012-2013).
Bibliographie :
Sjraar van Heugten, Avant-gardes, 1870 to the present : The Collection of the Triton Foundation, Bruxelles, Mercatorfonds, 2012, p. 561.
Le grand historien d’art italien Lionello Venturi, l’un des premiers à s’intéresser à Rouault, distinguait « deux périodes de sa vie où prennent place ses créations les plus heureuses (...) : de 1903 à 1912 environ, le temps (...) de la rébellion » puis « de 1930 à 1939, la période de sérénité retrouvée » où les couleurs « se multiplient, elles s’éclaircissent, elles chantent » (Gants du ciel, Montréal, 1944).
Dans cette huile sur carton datable de 1935-1936, le Christ est effectivement plus serein que souffrant, d’un hiératisme tranquille qui rappelle la sculpture de Modigliani – autre artiste que défendit Lionello Venturi. Le fond bleu saphir, l’encadrement bleu pastel, l’éclat du jaune citron, le trait de vermillon, nimbent d’une joie naïve la figure du Christ qui semble tout droit sortie du premier chapitre de l’évangile selon saint Jean : « Et le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous, et nous avons contemplé sa gloire. » Rouault retrouve la magie des icônes.
La collection Triton, d’où provient ce tableau, avait été formée à la fin du siècle dernier par Willem Cordia, un armateur néerlandais – surnommé dans son pays « l’Onassis de Rotterdam » – grand amateur d’art. Ce dernier, avec le soutien de son épouse Marijke, prêtait libéralement ses trésors aux musées.