Georges Rouault (1871 Paris - 1958 Paris)
1931 - 1939
Huile sur carton marouflé sur panneau ; signé et daté « G Rouault 1939 » en bas à droite ; 50,9 x 38,4 cm
Provenance :
Londres, collection Jonathan Griffith ; Los Angeles, galerie Dalzell Hatfield ; Denver, collection Marian G. Hendrie (en 1942) ; New York, collection privée ; New York, Christie's, 16 mai 2017.
Rouault retravaillait souvent ses œuvres, superposant les couches de peinture, ce qui explique que cette huile sur papier, montée sur carton, signée et datée de 1939, figure au catalogue raisonné comme datant de 1931-1939.
Le sujet, saint Jean-Baptiste, est rare – deux seulement dans cette période – et cette rareté trouve sa traduction formelle dans le fait que le personnage regarde vers le haut. Plus souvent chez Rouault, peintre des humbles (y compris le Christ), les figures regardent vers le bas. Au contraire, saint Jean-Baptiste a une haute idée, sinon de lui-même, en tout cas de sa mission : « Il y a eu un homme envoyé de Dieu », dit l’évangile selon saint Jean, « il vint pour témoigner, pour rendre témoignage à la lumière, afin que tous croient par lui. »
Le découpage du fond, entre le ciel et la terre, les yeux au niveau du ciel, les lèvres au niveau de la terre, accentue ce message, et jusqu’aux dents qui évoquent le cri, « la voix de celui qui crie dans le désert ». Et qui sont peut-être aussi une réminiscence ironique de la remarque du philosophe Jacques Maritain, grand ami et inspirateur de Rouault : « Dieu ne demande pas d’art religieux (...). L’art qu’il veut pour lui c’est l’art. Avec toutes ses dents. » (Réponse à Jean Cocteau, Paris, 1926).