Georges Rouault (1871 Paris - 1958 Paris)
1906
Aquarelle et pastel ; signé et daté « G. Rouault 1906 » en bas à droite ; 16 x 10 cm
Provenance :
Paris, galerie Druet ; Bucarest, collection Krikor H. Zambaccian ; New York, collection Jacques O. Zambaccian ; Suisse, collection privée ; Bâle, Beurret Bailly, 15 juin 2013 ; Paris, collection Le Polyptyque ; Stockholm, collection privée.
Exposition :
La peinture française moderne - Collection Zambaccian (Bucarest, Fondation Dalles, 1935, n° 32).
Bibliographie :
Bernard Dorival, Isabelle Rouault, Rouault, l’œuvre peint, Monte Carlo, Éditions André Sauret, 1988, n° 50.
La date inscrite par le peintre au côté de sa signature se lit « 1906 » et non « 1900 » comme mentionné jusqu’ici. Cette date est corroborée par la technique et le style, proches notamment du Jeu de massacre (La Noce à Nini patte-en-l’air) du Centre Pompidou, Musée National d’Art Moderne.
C’est à partir de 1902 et surtout du Salon d’Automne de 1904 que Rouault trouve sa voie, celle d’une peinture âpre, bouleversée, sans concession ; comparable, à certains égards, à la période bleue de Picasso, qu’on songe par exemple aux Noces de Pierrette qui, comme le Jeu de Massacre, date de 1905.
Le sujet du pêcheur est original dans ces années où Rouault s’attache surtout aux clowns, filles de cirque et filles de joie (les juges viendront en 1907). Ses connotations chrétiennes – un tiers des apôtres étaient issus de cette industrie, et Jésus leur dit « je ferai de vous des pêcheurs d’hommes » – ont sans doute inspiré le peintre. Au point que, consciemment ou non, il a donné à son personnage l’attitude du Christ portant sa croix sur le chemin du calvaire ; comme aussi Puvis de Chavannes, à son Pauvre Pêcheur (Musée d’Orsay, 1881), l’attitude du Christ aux liens subissant, ou s’apprêtant à subir, les outrages de ses bourreaux.
L’œuvre avait été achetée à la galerie Druet, la première à exposer Rouault, par Krikor Zambaccian. Héritier d’une des plus importantes entreprises de négoce (notamment de céréales) en Roumanie, il constitua dans l’entre-deux-guerres la plus importante collection d’art moderne de ce pays et offrit à la nation, en 1946, le musée qui porte son nom, le plus agréable de Bucarest.