Picardie
1520 (vers)
Pierre calcaire ; 42 x 40 x 30,8 cm
Provenance :
Saint-Germain-en-Laye, Le Prieuré, collection Maurice Denis ; Suisse, collection privée ; Bâle, Beurret & Bailly, 21 juin 2017 ; Paris, collection Le Polyptyque ; Neuilly-sur-Seine, collection privée.
Bibliographie :
Pantxika Béguerie-De Paepe, La Sculpture picarde à Abbeville vers 1500 autour du retable de Thuison, Tournai, La Renaissance du Livre, 2001 ; Pantxika Béguerie-De Paepe, « Un Christ de pitié en pierre (vers 1520) provenant de l'église Saint-Vulfran-de-la-Chaussée d'Abbeville », dans La Sculpture en Occident - Etudes offertes à Jean-René Gaborit, Dijon, Editions Faton, 2007, p. 144-151.
Cette tête de Christ aussi élégante qu’expressive est à rapprocher d’un buste publié en 2007 par Pantxika Béguerie-De Paepe, provenant très vraisemblablement de l’église Saint-Vulfran-de-la-Chaussée d’Abbeville, aujourd’hui au Musée Boucher-de-Perthes, et datable vers 1520. On y retrouve la même chevelure aux longues mèches sinueuses et la même barbe symétrique et soignée.
L’iconographie est celle du Christ aux liens, au moment où ayant gravi le Golgotha, ou mont du Calvaire, il est assis au pied de la croix qu’érigent ses bourreaux. Le style, celui du gothique finissant, mais cette tête, certes en meilleur état que le buste mentionné – sans doute était-elle plus à l’abri, à l’intérieur d’une chapelle – semble plus finement ciselée, plus humaine, comme effleurée par le souffle de la Renaissance ; laquelle, en Picardie, devait plus aux courants venus des Pays-Bas et de la vallée du Rhin qu’à l’Italie.
L’œuvre a longtemps appartenu au peintre Maurice Denis dans sa maison, aujourd’hui musée, du Prieuré à Saint-Germain-en-Laye. Une photographie le montre, âgé d’environ soixante ans, donc autour de 1930, dans sa bibliothèque où la Tête de Christ est placée dans une niche en hauteur. Passé des Nabis, dont il se fit le théoricien, à un art tout en aplats, et du symbolisme à l’art sacré, il écrivait de l’art du Moyen-Âge que nous y touche « ce qu’il possède en propre de profondément chrétien, cette attitude sincère, naïve, virginale, humiliée » (Nouvelles théories : sur l’art moderne, sur l’art sacré, Paris, 1922). Cette sculpture en est l’illustration, peut-être l’inspiration.