Édouard Vuillard (1868 Cuiseaux - 1940 La Baule)
1903
Huile sur carton ; cachet de l’atelier « E Vuillard » (Lugt 2497a) en bas à droite ; 32 x 40,5 cm
Provenance :
Atelier de l'artiste ; Londres, O'Hana Gallery ; Londres, Roland, Browse & Delbanco Gallery ; Londres, collection Michael Marx ; R. Schorr Esq. ; Londres, Sotheby's, 1er Juillet 1976 ; Londres, Sotheby’s, 4 février 2010 ; Londres, collection privée.
Bibliographie :
Antoine Salomon et Guy Cogeval, Catalogue critique des peintures et pastels, vol. II, Paris-Milan, 2003, n° VIII-116.
C’est à partir de 1900 qu’Édouard Vuillard, qui ne se mariera pas, forme avec le marchand de tableaux Jos Hessel et sa femme Lucy un quasi-ménage à trois. Elle devient alors la muse et probablement la maîtresse de l’artiste.
Vuillard séjourne régulièrement avec le couple Hessel et la brillante société qui les accompagne dans leur propriété de Vasouy près d’Honfleur. Délaissant progressivement la peinture « à l’étouffée » des années 1890, il peint en 1901 (et remaniera en 1935) l’un de ses premiers grands extérieurs vifs et contrastés, La Terrasse à Vasouy, le Déjeuner (Londres, National Gallery).
Loin de ces compositions ambitieuses, mais en un sens moins audacieuses, notre tableau parle d’un nouveau bonheur simple comme une partie de campagne, d'une intimité qui ne serait plus confinée. Lucy semble entraîner le paysage entier dans le sillage de sa robe, ouvrir la voie au peintre. Comme souvent dans les peintures (ou photographies) la représentant, elle est en blanc et l’on peut penser qu’elle était un peu, pour Vuillard, la « Dame blanche » aux deux faces, protectrice ou menaçante, des légendes…
Mais ce tableau annonce aussi ce qu’il y a de plus enlevé dans l’art de la seconde moitié du 20ème siècle : le caractère lâché de la touche, le côté neigeux des blancs, la tache grise « in your face » ne sont pas très loin de certaines des réussites de Cy Twombly…