Henri Fantin-Latour (1836 Grenoble - 1904 Buré)
1871
Huile sur toile ; signé « Fantin » en bas à droite ; 25 x 34 cm
Provenance :
Paris, collection Georges Moreau ; Paris, Hôtel Drouot, 19 novembre 1934 ; Paris, Hôtel Drouot, 28 février 1968 ; Paris, galerie Hector Brame ; Amsterdam, E. J. Van Wisselingh & Co, n° 8779 ; Coblence, collection Genevriere ; Cologne, Van Ham, 18 novembre 2016 ; Paris, collection Le Polyptyque ; Paris, collection privée.
Exposition :
L'atelier Fantin-Latour (Paris, galerie Tempelaere, 1905, n° 39).
Bibliographie :
Victoria Fantin-Latour, Catalogue de l'œuvre complet de Fantin-Latour, Paris, H. Floury, 1911, n° 402.
Œuvre en rapport : Henri Fantin-Latour, La Cène, huile sur toile, 1853, 27 x 37 cm, Amsterdam, Sotheby’s, 19 avril 1994.
Fantin-Latour, longtemps célébré pour ses natures mortes ou ses allégories musicales, est aujourd’hui connu surtout par ses portraits de groupe, rassemblés au Musée d’Orsay : l’Hommage à Delacroix (1864), l’Atelier des Batignolles (1870) et le Coin de table (1872). Ce n’est que justice donc s’il est un des rares artistes « modernes » à figurer dans cet immense portrait de groupe qu’est A la Recherche du temps perdu : « Un beau peintre, un maître de la palette », dixit Monsieur de Norpois.
A ses débuts, et même après sa première participation au Salon (1861), Fantin-Latour réalise de nombreuses copies au Louvre. Progressivement, ces copies se font plus libres, jusqu’à ressembler à des esquisses et parfois, consciemment ou inconsciemment, inspirer une œuvre nouvelle. Le 11 septembre 1871, il écrit à Otto Scholderer, un peintre allemand, ami de jeunesse et correspondant de toute une vie : « Quelquefois je vais faire des esquisses au Louvre (...). Mes affections sont toujours les mêmes, Véronèse, Corrège, Giorgione, Titien, etc... » Et le 22 décembre 1871 : « Italien plus que jamais, je fais de grands projets pour le Salon prochain, je ne suis pas encore décidé. »
Il pense à ce stade à un Hommage à Baudelaire dont il existe une première étude au Musée du Louvre (n° RF 12492), assez différente de l’œuvre finalement présentée au Salon de 1872, le Coin de table. Celle-ci doit beaucoup en revanche (le coin de table éponyme, la disposition des personnages) à cette esquisse d’après le Repas chez Simon, de Véronèse, immense tableau qui était au Musée du Louvre jusqu’en 1961 où il rejoignit le Palais de Versailles – car contrairement aux Noces de Cana, emporté par Bonaparte, Le Repas chez Simon avait été offert à Louis XIV par la République de Venise.
Ce morceau très libre, très lumineux, est donc une manière de « première pensée » pour le Coin de table aujourd’hui au Musée d’Orsay, certes plus sombre et statique, et célèbre par la présence, à gauche, de Verlaine et Rimbaud.
Il existe, toujours d’après Véronèse, un pendant, de mêmes dimensions, représentant la partie droite du banquet, et passé en vente à Amsterdam en 1994 (Sotheby’s, Amsterdam, 19 avril 1994, n°144).